Et voilà, pour notre dernier épisode de la saison, on vous propose un thé glacé pour fêter l'été !
Pour cette première partie du 10ème épisode, on discute avec Christian et Nicolas, du collectif Thomas Bouloù, autour de la contraception masculine ! Tous deux se présentent et nous racontent leur parcours autour de la question, en faisant le lien avec le collectif de sa naissance àce qu'il fait aujourd'hui.
Et on vous propose les articles qui ont été la base de notre travail de recherches :
Histoire et actualité des représentations et pratiques de contraception masculine | Cairn.info (https://www.cairn.info/revue-autrepart-2009-4-page-49.htm)
Comment la contraception masculine est née de l’exclusion des hommes des réunions du MLF (radiofrance.fr) (https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-journal-de-l-histoire/comment-la-contraception-masculine-est-nee-de-l-exclusion-des-hommes-des-reunions-du-mlf-3513563)
La contraception masculine médicalisée : enjeux psychosociaux et craintes imaginaires | Cairn.info (https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-de-psychosociologie-2007-2-page-89.htm)
N’hésitez pas à réagir à ce podcast en attendant la suite, qui sera diffusée le 8 juillet 2022, par des témoignages que vous voulez partager et/ou des questions que vous vous posez et on intégrera ça pour la prochaine diffusion.
--
En matière de contraceptifs et de santé sexuelle, on est loin d’une égalité homme-femme. Alors, faut-il généraliser la contraception masculine ?
En 55 ans, depuis l’avènement de la pilule avec la loi Neuwirth, nous avons vu d’immenses progrès dans le domaine de la fertilité. Pour la gente féminine : stérilet, implant, anneau vaginal. Mais pour la gente masculine, on ne peut pas en dire autant. Pourtant, le désir de certains hommes de contrôler leur fertilité ne date pas d’hier, et les méthodes contraceptives féminines présentent aussi des limites. Le futur de la contraception pourrait-il être plus masculin ?
Contraception masculine : la bourse ou la vie ?
Nous avons le plaisir de recevoir Jeanne Perrin, professeure de biologie et médecine de la reproduction du développement au CHU de Marseille, qui participe à l’enseignement de la contraception masculine au sein de la Société d’andrologie de langue française (SALF) et Jean-Claude Soufir, médecin à l’hôpital Cochin à Paris et ancien responsable de l’unité d’andrologie de l’hôpital Bicêtre.
--
Avis [Jocelyn] : C'est intéressant d'entendre la parole de Soufir [nb: c'est le deuxième nom qui apparaît beaucoup au coude à coude avec Mieusset sur les papiers de recherche français].
Bon après il est assez condescendant sur les collectifs militants sur la contraception thermique sans trop argumenter, genre « c'est pas si simple les enfants ». Sa position sur la sexuation des personnes est assez basique [pour ne pas dire réac], testostérone = homme, sans même parler de genre, on peut avoir plus de subtilité… Il centre l'histoire de la contraception autour de sa personne, et son discours n'est pas très fluide à écouter.
Bref, selon moi, c'est lui qui apporte le plus de contenu à l'émission, mais il est fort agaçant à écouter même si ça m'a apporté certains éléments nouveaux, par exemple un récit des larges essais cliniques de l'OMS sur la contraception hormonale dite masculine, et une explication sur le pourquoi du seuil de fertilité à 1 million.
Concernant Jeanne Perrin du CHU de Marseille, je ne suis pas à l'aise avec le fait qu'elle présente la vasectomie comme probablement réversible et la range dans la catégorie contraception, je trouve ça assez « léger ». Mais j'en retiens que la réversibilité est vraiment variable selon la région du monde, c'est intéressant à avoir en tête.
Résumé
Maxime a décidé de se contracepter via une méthode thermique. A partir de matériaux de plomberie trouvés dans un magasin de bricolage, il élabore un prototype qu'il teste lui-même. Dylan, lui, a participé à une étude scientifique et s'est injecté de la testostérone de manière hebdomadaire.
En savoir plus
Maxime est infirmier. Un jour, il décide d'essayer la contraception thermique. A partir de matériaux de plomberie trouvés dans un magasin de bricolage, il élabore un prototype qu'il teste lui-même. Des analyses médicales confirment rapidement que son "anneau" fonctionne. Depuis, il a créé sa start-up et propose des anneaux en silicone pour se contracepter : c'est ce qu'il appelle l'"androswitch". Pour se contracepter, Dylan, lui, a participé à une étude scientifique à l'hôpital Cochin et s'est injecté de la testostérone de manière hebdomadaire. La méthode fonctionne et a eu de nombreux effets sur son corps, jusqu'à ce qu'il soit obligé d'arrêter brutalement les injections.
Les injections de testostérone
Dylan, trente-six ans, a été élevé par une mère "plus que féministe, et un peu misandre". Lorsqu'il s'installe dans une relation longue avec une femme, c'est donc tout naturellement qu'il souhaite partager avec la personne qu'il aime "la charge mentale de la contraception". Il prend contact avec un andrologue, en poste à l'hôpital Cochin, qui réalise une étude sur la contraception masculine hormonale par injection de testostérone. Dans un élan de "vision progressiste", il saute le pas.
Il réalise un premier spermogramme, de manière à évaluer la mobilité, la vitalité, la forme et le nombre de spermatozoïdes présents dans son sperme. Une fois les contrôles réalisés, il commence les injections.
"J'ai moins besoin de dormir. Je récupère beaucoup plus vite, je cicatrise plus vite, je perds de la graisse, je prends du muscle sans rien faire, je me sens en pleine forme. Le plus compliqué professionnellement, c'était de gérer mon agressivité parce que je développe de l'agressivité. J'ai eu des érections incontrôlées." Dylan
La compagne de Dylan arrête sa contraception. Mais quelques mois plus tard, les examens médicaux sont mauvais : Dylan risque la phlébite. Il lui faut tout arrêter. Parallèlement, sa femme reprend la pilule pour retrouver des règles moins douloureuses. "C'est presque plus simple", confie Dylan. Il regrette néanmoins les injections...
"Des fois, je fantasme sur mon ancien corps. Je me rappelle de l'influence physique de la testostérone sur moi et je la cherche en vain. Elle me manque." Dylan
Dylan ne se désintéresse pas pour autant de la question contraceptive et regrette de voir que ses amis hommes n'y accordent aucun intérêt...
L'avant-garde du slip chauffant
Après que sa copine lui a confié qu'aucune contraception ne lui convient vraiment, Maxime décide de se renseigner sur la contraception masculine. En regardant sur Internet, il découvre alors la méthode thermique. Ni une ni deux, il décide de remonter ses testicules pour en déséquilibrer la température et stopper la création de spermatozoïdes.
"Je suis allé dans un magasin de bricolage. Je suis allé chercher des anneaux de plombier, des anneaux toriques et j'étais à la fois vachement excité à l'idée de me remonter les testicules et en même temps, un peu paniqué." Maxime
Le jeune homme rentre chez lui et passe alors à l'action ! Non sans quelques difficultés, il enfile l'anneau pour remonter ses testicules.
"Je me suis mis à marcher dans la rue. Et là, je me dis que je suis le seul gars dans toute cette ville à avoir les testicules remontés !" Maxime
Mais l'installation est précaire et lui brûle la peau. Maxime demande de l'aide à un ingénieur etse fait fabriquer un anneau en silicone.
"Pour mettre l'anneau, il faut passer d'abord sa verge à l'intérieur. C'est comme passer un anneau à un doigt. Une fois que vous avez passé votre verge dedans délicatement, vous allez chercher la peau du scrotum sous la racine de la verge depuis l'intérieur de l'anneau et vous la tirez délicatement dans l'anneau." Maxime
Régulièrement, pour vérifier que l'anneau est bien efficace, Maxime réalise des spermogrammes. En deçà d'un million de spermatozoïdes actifs, l'individu est considéré contracepté. C'est ce qui passe pour Maxime, qui, fier de son succès et souhaitant le partager avec le plus grand nombre, décide de commercialiser son anneau sous le nom d'"androswitch".
"Je me suis transformé d'un infirmier en grande précarité à un "artisan de l'anneau" ! Maintenant, c'est devenu une petite entreprise artisanale, familiale. On est dans trente pays dans le monde." Maxime
Au-delà de la success story, Maxime est heureux de la confiance que lui accorde sa compagne, qui a désormais pu abandonner la contraception hormonale.
Merci à Dylan et à Maxime.
Pour aller plus loin, vous pouvez lire ici une version écrite du témoignage de Dylan :
Aurélie Darbouret, Contraception, enfin le tour des hommes ? Notre journaliste s'est fait stériliser pour mener l'enquête, NEON, 26 juin 2019.
Reportage : Clément Baudet
Réalisation : Emily Vallat
Mixage : Pierre Monteil
Musique de fin : "Tata" de Johan Papaconstantino.